Bourdons de terre Lat. Bombus
Bourdon
Étymologie
Le mot « bourdon », avec le sens d’insecte, est mentionné dès le XIIIe siècle, dans le roman Yder en ancien français (bordon) et l’orthographe bourdon est attestée dès 1350 dans un glossaire de cette œuvre. Le terme est probablement d’origine onomatopéique, faisant référence au son grave du vol de l’insecte (le bourdonnement) et rapproché du bourdon en musique (note grave, tenue en continue en guise de basse, par un instrument, ou voix grave dans un chœur). Ce terme au sens zoologique (ou l’onomatopée) dérive peut-être du bas latin burdo, qui pouvait désigner un insecte d’après les glossaires des lexicographes médiévaux Aelfric (Xe siècle) et Papias (XIe siècle).
Taxonomie et bio-homonymie
(Bombus est un groupe taxonomique récent qui est a priori encore en pleine radiation spécifique et dont les subspéciation et spéciation allopatriques nombreuses semblent refléter les paléoévènements récents que sont les glaciations et déglaciations de l’époque quaternaire dans l’écozone paléarctique.)[pas clair] Elles ont été suivies de restauration et renouvellement de populations qui expliqueraient de nombreuses sous-espèces formes ou variétés légèrement différentes avec des différences biogéographiques dans les colorations au sein d’une même espèce. D’autres genres d’apidés d’apparence similaire sont parfois appelés « bourdons ». C’est le cas des xylocopes, abeilles du genre Xylocopa, qu’on appelle parfois « bourdon bleu » ou « bourdon noir ». De même, certains mâles d’abeilles sociales, dont les abeilles domestiques Apis mellifera, sont appelés « faux bourdons ».
Description
Les bourdons se caractérisent et se différencient de la plupart des abeilles par une silhouette trapue et une importante pilosité. Il existe une variation (généralement territoriale) importante dans la coloration des individus à l’intérieur d’une même espèce. Un examen à la loupe binoculaire est souvent nécessaire pour une identification correcte de l’espèce (via les genitalia). Ils comptent parmi les plus petits animaux endothermes connus. Leur endothermie (facultative) est élaborée et efficace, ce qui est inhabituel parmi les insectes. Leur métabolisme (forte dépense énergétique), leur mode de vie (bourdonnière enterrée), leur couleur (bandes noires absorbant la chaleur du soleil) et leur « fourrure » isolante les aident à maintenir une température interne élevée. Ils sont ainsi les premiers et derniers pollinisateurs apoïdes actifs par temps frais. Le corps des bourdons est la plupart du temps coloré de noir et jaune. Ils ont un aspect robuste et sont couverts de poils. Ils mesurent habituellement entre 6 et 25 mm de long. La taille générale dépend de la caste :
La reine, le plus gros insecte de la colonie, mesure entre 13 et 32 mm de long. Les ouvrières (femelles sexuées ou non) mesurent entre 7 et 18 mm de long. Les mâles mesurent entre 10 et 17 mm de long. Les bourdons femelles et les ouvrières ont un aiguillon lisse dépourvu de barbillon (contrairement aux abeilles) et ne risquent pas d’arracher une partie de leur abdomen après une piqûre. Comme les guêpes, ils ne meurent donc pas après avoir piqué et peuvent infliger plusieurs douloureuses piqûres. Cela dit, ils vivent de façon discrète et ne sont pas agressifs, si bien qu’ils ne piquent pratiquement jamais, sauf si l’on marche dessus à pieds nus, s’ils sont saisis entre les doigts ou serrés dans la main dans un ultime réflexe de défense ou pour défendre leurs ruches. Les femelles peuvent injecter des peptides neurologiques mais non allergisants (apamine, peptide neurotoxiques, et un peptide dégranulant mastocytaire [dit MCD pour mast cell degranulating]) et des allergènes mineurs. Le venin de bourdon contient des allergènes identiques à ceux du venin d’abeille, incluant des protéines propres. En cas d’allergie aux piqûres de bourdon confirmée par des tests cutanés et/ou IgEs positifs à l’abeille, une désensibilisation est possible au venin d’abeille. Si l’allergie au bourdon suit une sensibilisation par piqûre d’abeille, l’allergie implique sans doute des allergènes communs aux abeille et bourdons, la désensibilisation est alors efficace. Si la sensibilisation est uniquement due à des piqûres de bourdon (souvent chez des professionnels), la désensibilisation avec le venin d’abeille peut échouer ou être incertaine. Une prescription d’adrénaline auto-injectable est alors recommandée. Les bourdons sont strictement végétariens. Les larves et les adultes se nourrissent respectivement de miel ; de nectar et de pollen.
Habitat
Ils sont originaires des régions froides et tempérées de l’hémisphère nord, les contraintes climatiques les ont conduits à adopter un rythme annuel de développement. On rencontre les bourdons dans les régions tempérées et plus fraîches que celles très fréquentées par les abeilles. Ce sont presque les seuls insectes pollinisateurs d’un grand nombre de plantes (espèces à corolles bilabiées, genre Aconitum L. notamment, qui pourraient pâtir de la régression des bourdons, comme beaucoup d’autres plantes à fleur).
Cycle de vie
L’ensemble des bourdons passent par quatre stades de développement qui sont :
œuf ; larve ; nymphe ; imago (adulte). Seules les jeunes reines fécondées passent l’hiver à l’état adulte. Les bourdons forment donc de nouvelles colonies chaque année. Au printemps, les reines cherchent un emplacement généralement sous terre, dans une cavité déjà existante, par exemple un ancien terrier de rongeur, pour y fonder une colonie. La reine récolte de la végétation (herbes, mousse, feuilles) ou même des poils pour tapisser l’intérieur de sa nouvelle demeure. Elle construit en quelques jours, plus ou moins simultanément, deux cellules de cire et de pollen, de la taille d’un dé à coudre.
- L’une d’elles accueille les premiers œufs de la colonie.
- L’autre porte le nom de pot de miel. La reine la remplit de nectar régurgité et l’utilise comme garde-manger pendant qu’elle s’occupe de ses œufs. Elle est ainsi capable de se nourrir sans cesser la garde de sa progéniture. Les œufs sont déposés dans la cellule de ponte sur une réserve de nourriture pour les larves (nectar + pollen) recouverte de cire. L’éclosion a lieu de trois à cinq jours plus tard. Les jeunes larves, blanches et sans pattes, s’alimentent ensemble dans l’alvéole. Au bout d’environ une semaine, chacune des larves fabrique un cocon de soie dans lequel elle se transforme en nymphe. La reine enlève la cire qui recouvre les cocons des nymphes et couve à nouveau. Les adultes qui en sortent au bout de 12 à 14 jours sont des ouvrières. Ces femelles stériles s’occuperont de la prochaine génération produite par la reine. À mesure que le temps passe, la reine focalise son activité sur la ponte et la construction de cellules pour ses nouveaux œufs. Elle dépose généralement trois ou quatre œufs par alvéole, qui donneront naissance à des femelles stériles. Les autres tâches sont laissées aux ouvrières. Vers la fin de l’été, la reine pond des mâles (œufs non fécondés comme pour le genre Apis) ainsi que des femelles fertiles. Les larves de ces insectes reproducteurs sont nourries par les ouvrières, par régurgitation, d’un mélange de miel et de pollen. À ce stade, les ruches peuvent compter jusqu’à 600 individus chez le bourdon terrestre (bien moins que dans les ruches d’abeilles Apis qui peuvent compter plusieurs milliers d’individus). Une fois adultes, les mâles et les femelles fertiles quittent le nid et s’accouplent. Pour passer l’hiver, les futures reines fécondées s’abritent dans n’importe quel abri sec et protégé (par exemple sous une écorce). Le reste de la colonie meurt avec la froidure de l’automne.
Parasitisme
Les bourdons sont fréquemment parasités par des acariens dont le genre Parasitellus. Ce dernier vit dans les nids en se nourrissant du pain d’abeille ce qui est du cleptoparasitisme et en prédatant des microarthropodes du nid, ce qui est du nettoyage symbiotique. Ils peuvent souvent être visibles en phorésie sur les bourdons, principalement les princesses sorties de l’hivernage à la recherche de nid à fonder et les reines. Une autre espèce d’acariens, Locustacarus buchneri, parasite le système respiratoire de son hôte.
État des populations, menaces
Comme beaucoup d’insectes et en particulier de pollinisateurs (papillons et abeilles notamment), le bourdon semble affecté par une rapide dégradation de l’environnement depuis quelques décennies. Les bourdons étant réputés très communs, leur régression a sans doute été sous-estimée et est d’abord passée inaperçue, comme pour les abeilles sauvages et les guêpes et beaucoup d’autres insectes qui ont régressé. Certaines espèces régressent beaucoup moins que les abeilles, d’autres ont localement disparu. Des inventaires ont été fréquents et réguliers dans quelques régions d’Europe (Belgique, surtout en Région wallonne ; et sud de la France, dont Languedoc-Roussillon (actuelle région Occitanie) surtout), ce qui a permis de confirmer ce que beaucoup de naturalistes pressentaient, c’est-à-dire que les populations de Bombus ont très fortement régressé depuis le début du XXe siècle (en nombre d’espèces et en effectifs par espèce) dans les zones industrielles, urbanisées et d’agriculture intensive, au nord de la Loire et particulièrement dans le Nord de la France et en Belgique où le suivi naturaliste des Bombus a été très régulier depuis le milieu du XXe siècle (les périodes 1915-1940 et 1970-1986 ayant été particulièrement bien couvertes par les entomologistes). Sur les 30 espèces autrefois observées en Belgique, seules 2 ou 3 sont encore relativement communes. Au Royaume-Uni, sur les 27 espèces connues, deux au moins sont éteintes en 2009, et toutes les autres sont considérées comme sérieusement menacées . À titre d’exemple, Bombus sylvarum aurait perdu 90 % de ses effectifs au XXe siècle, ne survivant plus que dans les zones où des prairies extensives ont été sauvegardées. Une association anglaise a restauré un sanctuaire des bourdons en restaurant de vastes prairies fleuries et plusieurs études montrent que l’agroécologie pourrait améliorer la situation des pollinisateurs. Au Canada, le bourdon est classé en 2019 en voie de « disparition imminente ».
Espèces
Liste (sous-espèces non comprises)
Art
Le bourdon a inspiré à Nikolaï Rimski-Korsakov le Vol du bourdon. En 2021, le groupe suédois ABBA chante sur son album Voyage la chanson Bumblebee (bourdon), exprimant la crainte de leur disparition et le fait qu’« un monde sans eux serait une nouvelle forme de solitude ».
Arbre Généalogique
Plus d'informations
« Bourdons de terre » sur wikipedia.org
« Bourdons de terre » sur iNaturalist.org
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