C'est une espèce qui est plutôt en régression ou qui a disparu d'une partie de son aire naturelle de répartition en Eurasie (à cause des insecticides utilisés en agriculture et dans les jardins probablement, mais aussi à la suite de la destruction presque systématique des nids, depuis plusieurs siècles ou décennies), mais là où elle a été involontairement introduite, par exemple en Australie et en Nouvelle-Zélande, elle se montre (comme V. germanica, une espèce proche,
également introduite dans ces régions) localement très invasive .
Ainsi, à titre d'exemple ; dans les forêts de hêtres à miellat de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande, Vespula vulgaris s'est mise à pulluler ;
La biomasse des guêpes introduites du genre Vespula (surtout constituée de V vulgaris dans cette région) a été évaluée à la fin des années 1980 :
Au moment du pic annuel de population, on comptait environ 3 761 grammes de guêpes Vespula par
hectare, la moyenne sur l'année étant de 1097 g/ha, soit autant voire plus que les biomasses combinées d'oiseaux (estimation = 206 g/ha) + rongeurs (jusqu'à 914 g/ha certaines années, mais généralement beaucoup plus faible) et les hermines introduites (jusqu'à 30 g/ha).
Dans une forêt de hêtre, un comptage a conclu à une biomasse relative de V vulgaris de deux ordres de grandeur supérieure que celle des guêpes natives (au moment du pic démographique saisonnier de V.
vulgaris).
La densité moyenne des travailleuses Vespula à l'apogée de la saison a été estimée à 10 000 guêpes par ha.Cette densité dépasse celle atteinte par d'autres espèces de guêpes utilisés (avec un certain succès) en lutte biologique ; On peut donc supposer que ces pullulations de Vespula introduites, et en particulier de Vespula vulgaris ont des effets écologiques très significatif (directs et indirects), mais ces derniers ne sont étudiés que depuis peu de temps (toute
fins des années 1980). Ces effets sont encore mal documentés, mais de premiers indices ou preuves accumulés depuis la fin des années 1980 montrent qu'ils ne sont pas négligeables. A titre d'exemple :
On a effectué dans une hêtraie - en 1998, 40 ans environ après le début de l'invasion - une mesure expérimentale de l'impact de cette pullulation de guêpes communes sur une espèce d'araignée tisseuse de toile (Eriophora pustulosa), montrant que sa
population est fortement réduite là où les guêpes sont présentes par rapport aux zones où les guêpes ont été (pour les besoins de l'expérience) empoisonnées. (Hypothèses explicatives : les guêpes peuvent priver l'araignée d'une grande partie de sa nourriture, les attaquer, détruisent trop souvent leurs toiles et/ou encore y voler les proies qui s'y sont prises). Les auteurs de cette étude ont modélisé la pression de contrôle des guêpes qui serait nécessaire pour protéger les
populations naturelles d'araignées de cette forêt : il faudrait réduire de 80 à 89,5 % la population de guêpe pour protéger les populations d'araignées tisseuses de toiles. Par extrapolation du modèle, les auteurs estiment que de nombreux taxa d'invertébrés les plus vulnérables à la prédation des guêpes ont peut-être déjà disparu de l'écosystème de ces hêtraies au cours des 40 années d'occupation par cette guêpe devenue dans ces circonstances invasives ;
En consommant une grande partie
du miellat produit par la cochenille (Ultracoelostoma assimile, de la famille des Margarodidae et espèce typique de certaines forêts de Nothofagus de l'Île du Sud), la guêpe commune, quand elle pullule, entre aussi en compétition avec l'abeille domestiques (Apis mellifera)
On a récemment montré (2002) que dans les hêtraies néozélandaises concernées par les pullulations de guêpes exotiques, cette compétition pour le miellat pourrait négativement affecter d'autres invertébrés qui semblent en dépendre tels que ceux des familles
de Mycetophilidae, Staphylinidae, Pteromalidae et Margarodidae ;
De même pour trois espèces d'oiseaux qui se nourrissent du même miellat ; Anthornis melanura, Prosthemadera novaeseelandiae, Zosterops lateralis) (Ces oiseaux étaient autrefois les plus abondants dans les forêts les plus riches en miellat, qui sont précisément celles qui sont aujourd'hui les plus "envahies" par les guêpes) ;
Des campagnes expérimentales (de 4 ans consécutifs) de destruction des guêpes (par appât empoisonné au fluoroacétate de sodium et sulfluramide) ont permis
de tuer de 82 à 100 % des colonies sur les zones test, mais avec une réinvasion très rapide du secteur par des ouvrières en quête de nourriture (qui donc maintiennent la pression de prédation et de concurrence avec les oiseaux (dont par exemple Nestor meridionalis, pour cette raison menacé) et d'autres espèces insectivores, cette pression n'ayant été réduite que de 55 à 70 % par les empoisonnements qui peuvent aussi toucher des espèces non-cibles.
Les auteurs ont conclu qu'en termes de bilan, les gains de conservation devaient être « quantifiés afin d'évaluer si le coût des opérations d'intoxication est justifiée » ;
La lutte biologique a été envisagée, avec notamment Sphecophaga vesparum comme prédateur.
Ces forêts sont considérées comme des habitats et refuges importants voire vitaux pour la survie des nombreuses populations d'oiseaux autochtones.
C'est là qu'on a enregistré les plus fortes densité de guêpes connues au monde ; leur poids y
dépasse celui de la totalité des oiseaux de la forêt.